MUSIQUE RENAISSANCE
ÉGLISE SAINT GEORGES, RICHEBOURG, 11 Décembre 2010
Il y a déjà 14 ans que Laurence POTTIER a réuni « Les Musiciens de Mademoiselle de Guise« dont l’ambition est de jouer les musiques anciennes d’une manière ludique mais aussi pédagogique.
Cet orchestre se définit lui-même « à géométrie variable » puisqu’il peut se produire à partir de 4 instrumentistes (ils jouent sur des instruments utilisés à l’époque, soit des originaux, soit des copies) ou chanteurs (solistes ou ensemble vocal « Les Chanteurs de Mademoiselle de Guise« ) mais aussi dans une grande formation de 40 musiciens.
La question qui vous vient naturellement à l’esprit est : » Pourquoi Mademoiselle de Guise ? « . Tout simplement pour rendre hommage à Marie de Lorraine, duchesse de Joyeuse, duchesse de Guise et princesse de Joinville, cousine de Louis XIV, qui est l’une des rares femmes mécènes de l’histoire.
Dans son hôtel du Marais, elle faisait vivre des musiciens, dont le plus célèbre est sans doute Marc-Antoine CHARPENTIER (1643 – 1704). Elle est la dernière descendante d’une famille qui avait la belle tradition d’encourager les arts, y compris son aïeul, Henri de Guise dit « le Balafré » qui fut l’organisateur de la Ligue.
Un petit aperçu sonore ? Mais volontiers ! Voici de Tobias Michael (1592-1657), cantor de Leipzig, qui a écrit des cantates sacrées avec traversa obligée dans Musicalischer Seelen-Lust, ander Theil (Leipzig 1637), la Cantate à 2 pour soprano, traversa et basse continue par Mélanie Gardyn, dessus et l’ensemble des Musiciens de Mademoiselle de Guise…
LE CONCERT DE RITMY
Nous entendrons ce 11 Décembre EL CANCIONERO DE PALACIO (1474-1516).
Ce sont des œuvres vocales et instrumentales qui étaient données à la Cour des Rois Catholiques Ferdinand II d’Aragon (1452-1516) et Isabelle de Castille (1454-1504).
Le dernier quart du XVe siècle a connu une évolution sensible de la musique espagnole. Avec la prise de Grenade et la découverte de l’Amérique (1492), l’Espagne devient la puissance dominante sous Charles 1er (Charles Quint) puis Philippe II. Ce sera le « Siècle d’Or » durant lequel l’Espagne vivra une situation contradictoire marquée par un affaiblissement progressif sur les plans économiques et militaires, ce malgré les richesses du Nouveau Monde, et par un épanouissement sans précédent des arts et de la littérature.
Les souverains entendent marquer cette situation en favorisant l’épanouissement d’un art propre, en engageant à la Cour davantage de musiciens espagnols. Ces derniers participeront, à leur manière, à l’enrichissement artistique de leur nation en composant des musiques d’un caractère nettement hispanique, où le réalisme de leur intensité expressive et leur simplicité formelle se mélangent, où le savant et le populaire sont mêlés dans un amalgame inextricable… L’évolution musicale s’appuie évidement sur l’ensemble du terreau culturel constitué par le folklore des différentes régions et façonné par huit siècles de reconquête.
Le Cancionero de Palacio (le plus important des recueils de chansons conservé à Madrid) constitue une anthologie de la chanson polyphonique de cette époque. Celle-ci, copiée par huit personnes différentes entre 1505 et 1520, contient 548 compositions (dix supplémentaires sont perdues) toutes espagnoles, sauf 14 compositions italiennes (frottole) et 5 françaises. S’il constitue une anthologie de la chanson polyphonique de cette époque, il existe bien d’autres Cancioneros célèbres comme ceux de la Colombine, de Medinacelli, de Ségovie…
Les chansons du Cancionero de Palacio s’appuient sur deux types de chants:
– les villancicos, eux-mêmes héritier du zejel musulman, chants populaires, de paysans (vilains)
– le romance castillan né au XIVe siècle qui s’apparente à la chanson de gestes, de caractère épique et plus solennel.
L’ensemble est donc très divers puisque s’y côtoient des thèmes historiques, chevaleresques, religieux mais aussi profanes; l’amour y a toute sa place et des pièces plutôt grivoises y figurent.
Les chants sont la plupart du temps en castillan mais, parfois, le français, l’italien ou le portugais mêlent leurs accents.
CE SAMEDI 11 DÉCEMBRE, À RICHEBOURG…
Ce samedi soir, nous étions très bonne « compagnie »… avec « les Musiciens de Mlle De Guise » !
Dans cette très jolie église Saint Georges, longue ovation pour cet ensemble remarquable, de la part d’un public conquis par les sonorités que la Renaissance nous a léguées !
Dommage pour tous ceux qui n’ont pu se déplacer, malgré des routes bien sécurisées après les rudes journées de neige et verglas…
Laurence POTTIER, Bertrand BLONDET, Robin PHARO, Chloé DELIENNE, Baptiste REBOUL, Richard CIVIOL, Bruno ORTEGA, avec leurs instruments si particuliers (cornet à bouquin, viole de gambe, cromorne, luth, percussions…) ont accompagné la voix chaude et prenante de Mélanie GARDYN, dans des mélodies tour à tour langoureuses, mélancoliques, fougueuses ou passionnées, issues du « Cancionero de Palacio ».
Nous avons vibré à l’écoute de ces œuvres vocales et instrumentales qui firent le bonheur, autour des années 1500, des rois Catholiques dans l’Espagne de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille.
De l’histoire plaisante de Rodrigo MARTINEZ à la conclusion, très enlevée, de « hoy comamos y bebemos », cet ensemble a véritablement envoûté l’assistance, et pour plus d’un ce fut une découverte !
Tous ceux qui voudraient faire plus ample connaissance avec « les musiciens de Mlle De Guise » pourront utilement consulter leur site EN CLIQUANT ICI, histoire d’y retrouver, entre autres, leur discographie, et connaître également leurs prochains concerts, ici ou là.
Jean-José.