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CORDES PINCÉES

ÉGLISE SAINT MARTIN, MAREIL-SUR-MAULDRE, 23 janvier 2011

La famille des cordes pincées regroupe les instruments à cordes que l’on pince soit avec les doigts, comme la harpe, le luth ou la guitare, soit avec un plectre (plume ou médiator) comme la mandoline ou le bouzouki, soit mécaniquement comme le clavecin.

La plupart peuvent produire plusieurs sons à la fois, ce qui fait d’eux à la fois les partenaires privilégiés de la voix ou des instruments « chantants », mais également des solistes au vaste répertoire.

Depuis la lyre d’Orphée jusqu’à nos jours on les rencontre dans toutes les cultures, savantes ou populaires.

La puissance évocatrice du timbre caractéristique de chacun d’entre eux suscite immanquablement une époque, un pays ou un style.

Que serait l’Espagne sans la guitare, Naples sans la mandoline ou la Renaissance sans le luth, et Rameau sans le clavecin ?

LE CONCERT DE RITMY

Réunis sur un même plateau, ces trois instruments des plus caractéristiques de la famille des « cordes pincées », peuvent rivaliser ensemble de charme et de virtuosité lorsque on les fait se rencontrer. Il se trouve que trois interprètes de ces trois instruments ont décidé, un jour, d’oser au travers d’un répertoire qu’ils ont minutieusement composé, comparaisons et fusions. En soliste ou ensemble, vous aurez donc une volée de sensations musicales fort différentes qui vous feront découvrir, sentir, les sympathies et les particularités de ces trois façons de jouer des « cordes », en les pinçant…

Vous entendrez probablement (le programme pouvant s’ajuster à la dernière seconde, tout autant que les instruments…) :

Clavecin : « La Dauphine », écrit en 1747 par Jean-Philippe RAMEAU (1683-1764) – 3’30

Guitare et clavecin : « My Lord Willoughby’s Welcome Home »,  de  John DOWLAND (1563- 1626) – 3’

Guitare : « Cancion del Abuelo » et « Danza de la Paloma Enamorada » de Athualpa YUPANQUI (1908-1992) – 5’

Harpe et guitare : « Nuit Andalouse » de Erik MARCHELIE – 8’

Harpe : « Scherzetto » de Théodore DUBOIS (1837 – 1924) – 5’

Harpe et clavecin  : « Divertimentos », écrits en 1800, par John M. WEIPPERT  (1775-1831) – 8′

Clavecin : « Fandango » du Padre  Antonio SOLER (1729-1783) – 10′

Guitare : « Prélude N°1 » de   E. VILLA-LOBOS (1887-1959) – 8′

Harpe, guitare et clavecin  : « Trio », créé en 2010, de  Erik MARCHELIE – 5’

Et, sans plus tarder, faisons connaissance avec ces interprètes…

Anne MISPELTER, Harpe…

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La Harpe, l’un des plus anciens instruments de musique, connu depuis la plus haute antiquité (3500 ans avant Jésus- Christ) et d’origine Orientale, se caractérise par la grâce et la volubilité de son jeu.

Si Anne Mispelter, née en 1977, a débuté par le piano. Mais du jour où elle découvre la harpe, elle décide de se consacrer entièrement à cet instrument. Après des études musicales à l’ENM de Créteil et au CNR de Boulogne Billancourt (où elle obtient 2 premiers prix de harpe), titulaire d’une licence de musicologie et du diplôme d’état, elle enseigne la harpe à l’ENM de Mantes la Jolie, à l’école de musique de Trappes et du Mesnils St Denis.

Elle est appelée régulièrement à jouer avec plusieurs orchestres (Orchestre de la Police Nationale, Orchestre de Paris Sorbonne, Orchestre départemental des Yvelines…) et se produit également en musique de chambre avec diverses formation (Trio Alcyone, duo violon harpe, flûte de pan et harpe…) pour des concerts en France et à l’étranger. Mais elle ne dédaigne pas pour autant la « variété » puisqu’elle accompagne le groupe Manau et la chanteuse MAURANE.

Erik MARCHELIE, Guitare…


La Guitare est certainement l’instrument le plus populaire de la famille des cordes pincées. D’une grande richesse de répertoire, elle s’adapte à merveille aux différents genres musicaux.

Né en 1957 dans le sud-ouest de la France, Erik MARCHELIE a toujours joué de la guitare. Il se produit en récital ou en diverses formations de musique de chambre, ainsi qu’en soliste avec orchestre. Il est fréquemment invité par des formations prestigieuses comme l’Ensemble Orchestral de Paris ou l’orchestre Pasdeloup. Il a réalisé plusieurs CD, un récital « guitare romantique » interprété sur un instrument d’époque et un enregistrement consacré à des pages originales pour flûte à bec et guitare.
Il est également compositeur… Et voici sa « Ballade » extraite de «Histoires Sans Paroles », un livre de pièces pour guitare. Elle est interprétée par l’un de ses fans…

Ses compositions sont publiées en France par les éditions Lemoine, Combre et Billaudot, et au Canada par les Productions d’Oz. Nombre d’entre elles sont enregistrées et jouées à travers le monde par des formations comme le duo canadien « Similia », le duo espagnol « Jones & Maruri », le duo allemand « Amalia », l’américain « Cecilia duo » ou encore « The Western Australian Guitar Ensemble ».

Il vit actuellement en région parisienne et enseigne son instrument à l’Ecole Nationale de Musique de Mantes. Il dirige également une académie musicale d’été à Albi, lieu d’échanges et de rencontres tant pédagogiques qu’artistiques.

Joël PONTET, Clavecin…


Instrument spécifique de la musique Européenne, le Clavecin a connu son apogée au cours des XVIIème et XVIIIème siècles. Son retour progressif dans le courant du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, montre bien la pertinence de ce merveilleux instrument.

C’est par l’intermédiaire de ses études universitaires d’Histoire que Joël PONTET découvre la musique ancienne, le forte-piano et… le clavecin.

Elève de Huguette DREYFUS puis de Kenneth GILBERT, il a suivi un enseignement musical très complet au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il a obtenu quatre Premiers Prix entre 1972 et 1977. Se spécialisant alors dans le répertoire destiné au forte-piano , il suit assidûment les Masterclasses de Jos Van IMMERSEEL et de Paul BADURA-SKODA.

Son activité musicale, très intense, l’a conduit à jouer avec de nombreux ensembles de réputation internationale : Secolo baroqueco, l’Ensemble orchestral de Paris, les orchestres de chambre Jean-François Paillard, de Mannheim, Stuttgart , Prague , Toulouse , Ensemble Musique Nouvelle de Bordeaux , le Scottish Baroque Ensemble, le Deller-Consort… Soliste de Radio-France depuis 1974, Joël PONTET a consacré à ces « claviers anciens » de nombreuses émissions sur les ondes de France-Musique.

S’il aborde tout le répertoire du clavecin et du forte-piano, ses prédilections le portent d’une part vers musique française des XVII° et XVIII° siècles, et d’autre part vers la musique viennoise de Mozart à Schubert. Cependant il ne dédaigne pas pour autant le répertoire contemporain et joue fréquemment FALLA, OHANA, MARTINÙ ou LIGETI.

Joël PONTET interprète ici, les 3e et 4 e mouvements de la sonate pour flûte et clavecin de J.S. Bach (avec à la flûte baroque Philippe ALLAIN-DUPRÉ). En bis, le mouvement lent de la sonate pour viole et clavecin en sol mineur BWV 1029.

Parallèlement à sa carrière musicale, Joël PONTET, professeur d’Ecoles Nationales de Musique, enseigne le clavecin et la musique de chambre. Il a en outre enseigné à la Schola Cantorum et à l’Ecole Normale de Musique et a été chargé de cours au C.N.S.M. de Paris et a donné des cours d’interprétation à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne , à la South-Méthodist-Unversity de Dallas -1 de même, il a participé durant douze années à l’Académie-T estival des Arcs.

Ces trois brillants solistes nous feront donc découvrir et apprécier l’art, la technique, les sonorités essentielles et spécifiques de leur instrument de prédilection dans un programme qui parcourra le répertoire du XVIIème siècle à nos jours.

UN CONCERT PAS ORDINAIRE…

 

Faire jouer ensemble harpe, guitare et clavecin peut paraître, au premier abord, une idée folle. La preuve ? Il n’y a pas de répertoire commun à ces trois instruments. Mais cette carence n’est pas forcément un « problème », un obstacle à ceux qui veulent créer ou, à tout le moins, bousculer habitudes et obstacles.

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans la charmante église de Mareil-sur-Mauldre, tout récemment et très finement restaurée, à écouter, Anne MISPELTER, Erik MARCHELIE et Joël PONTET jouer de leurs instruments tantôt en solo, tantôt en duo et, finalement, en trio grâce à une création mondiale, qui a été « bissée » pour la plus grande joie des auditeurs, le « Prélude Fantasque », composé pour la circonstance par Erik.

L’assistance, a tout d’abord pu entendre une pièce très classique de Jean-Philippe Rameau, « La Dauphine », interprétée avec subtilité et doigté par Joël. La guitare et le clavecin ont ensuite enchaîné une pièce anglaise du XVIIe siècle.

Elle fut suivie, à la guitare seule, de deux exquises compositions de Yuthalpa YUPANQUI, le guitariste, chanteur et poète d’origine argentine.

Nous avons pu retrouver une pièce composée par Éric, il y a déjà quelque temps, « La Nuit Andalouse », qui marie les ondes profondes et enveloppantes de la harpe au chant subtil et délicat de la guitare, dans des arabesques hispanisantes, très raffinées.

C’est un contemporain qui a suivi ensuite, interprété à la harpe : Théodore Dubois. Ce compositeur, assez peu connu il est vrai, nous a laissé un « SCHERZETTO » d’une vivacité et d’une élégance parfaites en tout point.

Tout comme avec la guitare et le clavecin, des créateurs du passé ont eu envie de faire jouer clavecin et harpe. Ce sont « Sept Divertimentos » de John WEIPERT qui ont suivi. Ils ont été composés au XIXe siècle et démontrent joliment que ces deux instruments peuvent dialoguer avec leur personnalité, en toute harmonie. La pièce d’Antonio SOLER que Joël a interprétée ensuite était une magistrale démonstration de virtuosité. En effet, cette partition fait voltiger les notes à une cadence effrénée, remplissant l’espace sonore comme une foule décontractée le fait sur une plazza ensoleillée…

Nous avons retrouvé ensuite VILLA LOBOS et ses subtiles harmonies, jonglant avec des mélodies typiquement brésiliennes pour terminer enfin sur deux compositions d’Erik : « La Suite Logique », pour harpe et guitare et le « Prélude Fantasque », la création mondiale que nous évoquions au début, pour clavecin, harpe et guitares qui avec une intense subtilité a donné à chacun de ces instruments à la fois son ampleur et sa noblesse.

Le public, très nombreux a quitté cette charmante église en ayant goûté le plaisir rare et délicat d’un concert tout en douceur, tout en finesse. Espérons que d’autres compositeurs, entendant ce trio unique, auront envie eux aussi de mêler ces trois instruments pour notre plus grand plaisir.

Et juste pour « mémoire », voici LA DAUPHINE de Jean-Philippe RAMEAU, joué très, très sagement, par The Gravicembalo…

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